Puis un jour, il ne reste que les souvenirs...
Un sourire, un parfum, une voix, un rire, le souvenir d'une main douce qui nous prend la main et j'en passe. C'est ce qui nous reste comme vestiges d'une relation créée au fil du temps et au fil des séances.
Le décès de nos bénéficiaires n'est pas anodin dans notre métier. Il peut laisser des traces plus ou moins marquantes. Car lors des séances, nous créons des liens, nous nous créons des souvenirs. Nous connaissons leurs histoires de vie, nous accueillons leurs peines et joies etc. Ils font donc parti de nos vies, nous partageons des émotions, des événements… Alors bien entendu nous sommes dans un cadre professionnel MAIS, alerte info : Nous ne sommes pas des robots dépourvus d'humanité ! Nous sommes humains et bien entendu que nous ressentons des émotions lors des accompagnements, que nous nous attachons aux personnes. Tout comme ils s'attachent à nos animaux et nous.
Mais comment faire face au décès ?
Je pense qu'il faut avoir en tête dès le départ que nous intervenons auprès d'humains, Que comme nous tous, il peut se passer une tragédie du jour au lendemain. Qu'en fonction des publics, nous pouvons régulièrement être confrontés à la mort.
Ensuite, je pense qu'il ne faut pas avoir de tabou avec les personnes. En effet, j'ai souvent des questions autour de la mort. Et j'y réponds toujours. Pour finir, accueillir la nouvelle de manière naturelle. OUI, vous avez le droit d'être triste, de pleurer ou je ne sais. Cela ne fera pas de vous une mauvaise professionnelle.
Pouvons nous faire le deuil de nos accompagnés ?
Un grand oui ! Ce n'est pas parce que Mme X est votre cliente que vous devez classer son dossier et refouler votre peine à l'annonce de son décès. Prenez le temps qu'il vous faut pour accepter cette annonce. Puis faites ce que bon vous semble pour faire votre deuil de cette personne si nécessaire.
Exemple : cette semaine, j'ai appris le décès d'une de mes dames qui participait à des séances de groupe en Zoothérapie depuis longtemps. J'ai été peiné et je ne l'ai pas caché au groupe ou aux professionnels. J'ai participé à l'hommage que voulait créé ses pairs en posant moi aussi un écrit parmis les autres sur une carte. Nous avons chanté et dansé. Elle aurait apprécié de voir que nous lui rendions hommage ainsi.
Lorsque j'étais en formation pour devenir Éducatrice spécialisée, je me souviens qu'un formateur avait dit qu'il ne fallait pas montrer nos émotions vis à vis de notre posture professionnelle. Grosse erreur de ma part d'avoir suivi ce "conseil".
Avec du recul je suis certaine d'avoir perdu des liens avec certains jeunes à cause de cela. D'avoir loupé des moments de vie avec les publics. De m'être mise à mal en intériorisant mes émotions.
C'est pourquoi lorsque j'ai créé mon entreprise, je savais qu'à partir de la je serais la professionnelle que je voulais être. Dans mon entièreté avec ma sensibilité, mes émotions. Depuis, cela a ouvert un autre champ relationnel avec mes clients…. Je suis professionnelle mais avant tout humaine. Ma posture professionnelle n'est pas entachée et je dirais même que ma légitimité est renforcée.
Je n'ai donc plus honte de dire aujourd'hui que oui je suis triste lorsqu'un bénéficiaire décède et que oui je m'accorde le droit de faire mon deuil et de montrer mes émotions si j'en ressens le besoin. Et j'espère que ces mots vous feront écho
A Marie-Martine, son humour, son énergie et son sourire contagieux